Tomás Alonso & Hermes - une parfaite convergence

Quand Hermès rencontre Tomás Alonso, le dialogue ne se fait pas dans le spectaculaire, mais dans la précision.

À travers une série de pièces pensées pour la maison, le designer espagnol insuffle à l’univers Hermès une rigueur douce, où la matière n’est jamais traitée comme un décor mais comme un langage. Bois brûlé, verre laqué, géométries discrètes : chaque création explore le juste équilibre entre artisanat et modernité, dans une esthétique épurée qui laisse parler le geste. Une collaboration qui résonne comme une évidence entre deux visions du temps long, de la main, et du détail invisible.

Tomás Alonzo commence par les matériaux, pas par le style

Beaucoup de designers partent d’un effet visuel ou d’une intention formelle. Alonso, lui, part du matériau, et de sa logique propre :

« Je m’intéresse d’abord à ce qu’un matériau veut dire, ce qu’il fait, comment il vieillit. »
Il ne maquille pas la matière : il la laisse parler. D’où cette justesse.

Il évite l’ego du design

Ses objets ne crient pas. Ils ne cherchent pas à "faire design". Il dit lui-même :

« I’m not interested in showing off my personality through the object. I want the object to exist with a clear function and an emotional resonance. »
→ C’est une philosophie du retrait qui le rapproche des artisans autant que des designers.

Il travaille dans la durée et avec peu de pièces

Contrairement à certains designers qui produisent énormément d’objets chaque année, Alonso choisit ses collaborations avec soin, sur des cycles plus longs. Sa collaboration avec Hermès (notamment pour la table Pivot) a duré plusieurs mois.
→ Cela donne à chaque objet plus de profondeur, de maturation, moins d’effet de mode.

Il fait dialoguer l’artisanat avec l’industriel sans tension

Prenons la table Pivot (Hermès, 2025) :

  • Plateau en verre laqué = geste industriel, presque froid

  • Cylindre en bois de sugi japonais tourné à la main = matière chaude, artisanale, rare

Au lieu d’opposer ces deux mondes, Alonso les emboîte subtilement : le bois tourne autour du verre, ou inversement. Il y a une vraie maîtrise de l’équilibre.

Il ne théâtralise pas l’objet — il le révèle

Dans les présentations Hermès (comme à Milan), Alonso s’inscrit parfaitement dans une scénographie silencieuse, nette, lumineuse. Pas de décor, pas de message plaqué : juste la présence de l’objet. Et c’est ce que sa pratique permet réellement.

Images: Maxime Verret, Hermès

Ce que je trouve remarquable chez Tomás Alonso, c’est que le silence dont on parle tant chez Hermès — le respect du geste, la matière qui parle d’elle-même — chez lui, ce n’est pas un effet. C’est une méthode de travail. Il écoute, plutôt qu’il impose. Et ses objets le montrent.